Après 2 premiers épisodes de notre Podcast De La Tech Dans Mes Oreilles [TDMO], le premier sur La démarche Test & Learn et un second sur l'EcoProduction : un enjeu d'avenir, nous avons concocté un 3ème épisode.
Nous aborderons ici la thématique de la Culture technique au service de l'Innovation dans les secteurs traditionnels, avec pour invité de marque Yannick Sabot - Directeur IT et Innovation au Ninkasi.
Voir l'épisode #3 - TDMO x Ninkasi
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Et vous, comment la Culture Technique de votre entreprise vous aide à innover et à vous transformer ? N'hésitez pas à nous partager aussi votre expérience.
À très vite pour de prochains épisodes TDMO (De La Tech Dans Mes Oreilles) !
Les coulisses du 3ème épisode avec le Ninkasi
Tout d'abord : pourquoi le Ninkasi était une évidence sur ce sujet ?
Le Ninkasi, créé en 1997 à Lyon Gerland, est une fabrique de bière artisanale et de spiritueux, un réseau de bar restaurants situés dans le région Auvergne-Rhône-Alpes, qui se tend à se développer au national. La Marque développe également des produits revendus en boutiques et grande distribution, et propose au sein de ses établissements une offre événementielle et musicale incontournable. Depuis, la marque développe un écosystème digital pour soutenir ses multiples activités, animer son réseau et proposer une expérience unique à ses consommateurs, dont l'application mobile Ninkasi (PWA) que nous avons réalisé, et qui a pour rôle d'être la pierre angulaire de l'expérience conso indoor.
Il était donc tout naturel que les acteurs du Ninkasi avec qui nous collaborons étaient les plus à même de s'exprimer sur ce sujet !
L'épisode a d'ailleurs été tourné dans l'un des restaurants du Ninkasi, plus spécifiquement au Ninkasi Part Dieu, afin d'être en pleine immersion :).
Le sujet de la culture technique en entreprise : des enjeux qui tombent sous le sens
Dans ce Podcast, l'idée était ici d'apporter une vision un peu plus tech de l'innovation, ou comment intégrer et insuffler une véritable culture technique en interne permet d'apporter des solutions concrètes en matière de transformation et d'innovation digitale ?
Dans notre ère numérique en constante évolution, l'innovation est essentielle pour maintenir la compétitivité des entreprises, notamment dans des secteurs traditionnels ou celle-ci permet également de se démarquer et faire naître de nouveaux concepts. Dans ce podcast, nous explorons le rôle essentiel de la culture technique dans la transformation et l'innovation de ces secteurs.
On s'intéresse de ce fait un peu plus à la vision tech intégrée au sein de PME, ou comment intégrer et insuffler une véritable culture technique en interne permet d'apporter des solutions concrètes en matière de transformation et d'innovation digitale, mais aussi les défis potentiels liés à l'intégration de la culture technique.
Le Podcast en résumé
1. Est-ce que le digital a joué un rôle essentiel dans le développement du concept Ninkasi ?
Le Digital était déjà bien ancré au sein du Ninkasi : le site et agenda événementiel, la boutique et le click&collect, la présence sur les réseaux sociaux, etc. La période COVID a néanmoins accéléré la transformation nécessaire du modèle, avec le retour des multiples QR codes (que l'on pensait enterrer) entre Pass Sanitaire et accès aux menus, aux paiements... L'enjeu a donc été de rationaliser et renforcer l'expérience client Post-Covid suite à ces changements de consommation, mais également pour faciliter le quotidien des collaborateurs.
2. Qu'est-ce que la "culture technique" vs "culture digitale", et un triptyque nécessaire avec la "culture produit" ?
Chez le Ninkasi on ne segmente pas forcément les choses de cette manière, même si on va parler plutôt de maîtrises sur des sujets comme sur de la technologie, langages de programmation, de la data. Mais aussi les expertises métiers qui vont utiliser les outils au service du client et également le savoir-faire en création de produits en lien avec les autres pôles d'expertises. La notion de services supports n'existe plus au sein du Ninkasi, et sont même pleinement intégrés au terrain pour construire de nouveaux services.
D'ailleurs, par expérience, si on regarde généralement les échecs constatés sur de la création de produit, c'est bien souvent un défaut d'intégration des équipes métiers en termes d’apport d'expertise, mais également d'avoir pleinement éprouvé le produit sur le réseau de 25 restaurants. Il est en effet nécessaire d'avoir une démarche de test&learn avec des déploiements pilotes, récolter les feedbacks, mesurer, corriger et se tromper afin d'assurer la réussite d'un lancement de produit à grande échelle. Avoir des lieux pilotes permettent aussi d'avoir des premiers ambassadeurs qui seront force de proposition et qui vont permettre de porter la solution auprès du réseau.
Notre vision côté Web^ID est en effet que le digital permet cette flexibilité, de tester un projet avec "trois bouts de ficelle" (pour tirer le trait ;) ) , en tout cas sur une première base, peut se faire facilement afin de valider les orientations stratégiques et itérer jusqu'à ce que le produit soit validé par le terrain pour passer ensuite à l'étape supérieure. C'est là où la culture digitale et surtout la culture produit a tout son sens pour appliquer la bonne méthodologie et sécuriser la démarche d'innovation.
3. Pourquoi la culture technique permet de réussir sa transformation digitale dans les secteurs dits "traditionnels" ?
Côté Ninkasi : La culture technique intégrée (ou accompagnée) nous permet de passer du rêve à la réalité, car nous sommes capables d'anticiper des chemins viables en interne, même si nous nous appuyons au final sur l'expertise de prestataires spécialisés ensuite. On parle aussi le même langage avec nos prestataires, notamment avec les équipes de Web^ID ;), ce qui facilite grandement la collaboration.
Côté Web^ID : On a différents profils client, qui peuvent être techniques et non techniques. Il peut arriver d'ailleurs que des personnes aux profils techniques peuvent rentrer en confrontation avec nos préconisations, ce qui peut être contre-productif. Le plus important selon nous est plutôt d'avoir une culture de la transformation, la culture technique n'est pas forcément un pré-requis. Par contre, on voit bien que si une culture technique forte est partagée avec une écoute commune, on est généralement bien plus rapide dans nos prises de décisions et nos actions, comme avec le Ninkasi ;).
4. L'innovation implique des transformations profondes, et donc du changement. Comment est-ce perçu en interne, observez-vous parfois de la résistance au changement ? Ou au contraire de l'enthousiasme ? Et comment cela est-il conduit ?
Côté Ninkasi : Sur la culture du changement chez Ninkasi, j'entends souvent que "rien n'est gravé dans le marbre". Il faut voir aussi que le concept du Ninkasi a beaucoup évolué en 25 ans, en passant du métier de brasseur historiquement, au restaurateur puis lieu événementiel, le développement de nouveaux produits, l'expansion au national... Dans le changement, il y a des doutes, des renoncements. C'est des sujets à bien accompagner et mobiliser les équipes pour co-construire avec eux. Mobiliser l'intelligence collective permet de les embarquer et limiter les erreurs (car on a toujours 10 choses auxquelles on n'a pas pensé). On a aussi la chance d'avoir des équipes relativement jeune, et donc une "jeunesse d'esprit" avec une agilité intellectuelle qui permet de faciliter nos transformations continues.
Côté Web^ID : On constate en effet que la transformation peut être menée de manière bien différente au sein de nos clients. Certains sont capables d'accompagner la transformation et permettent ainsi de faire avancer les projets. D'autres peuvent être confrontées à des réticences et blocages internes dû souvent à la culture d'entreprise, et vont abandonner leur projet et laisser le wagon passer. Encore une fois, la culture du changement reste indispensable pour permettre l'innovation, et en effets, comme le fait très bien le Ninkasi et d'autres de nos clients, être en capacité d'embarquer le terrain dans cette dynamique de transformation. Il y a aussi la démarche de test&learn plus ou moins implanté. On peut voir de plus en plus de clients qui ont déjà éprouvé un concept : avec un fichier excel par exemple, ou des outils no-codes ou low-codes avant de passer à la vitesse supérieure. Pour nous c'est une démarche parfaite, car on va pouvoir s'appuyer sur un projet déjà mature qui ont fait leurs preuves, et des feedbacks qui vont permettre de construire une solution pertinente.
De notre côté, la transformation fait partie aussi de notre ADN à l'agence. La veille technique est continue et des temps sont alloués à nos équipes chaque semaine, pour permettre aussi de rester à la pointe, et d'être en capacité d'apporter des solutions pertinentes sur des projets d'envergures très différents les uns des autres.
5. Avez-vous quelques exemples / expériences de projets innovants qui ont réussi grâce à l'adoption de nouvelles technologies ou à la promotion d'une culture technique forte, chez le Ninkasi ? et côté Web^ID ?
Côté Ninkasi : Le projet que nous avons construit en commun est le module "Blind-test" que nous avons digitalisé. L'objectif était de ne pas digitaliser entièrement l'expérience, mais de renforcer par le digital l'expérience en restaurant pendant les sessions. Le vrai challenge que nous avons eu était aussi la gestion du Live dans les différents restaurants, avec d'un côté les utilisateurs qui devait répondre aux questions sur leur téléphone, et les animateurs qui devait animer via leur dashboard les sessions de jeux, et l'affichage sur nos NinkaTV des sessions et classement Live. Le concept a aussi été dans cette démarche de déploiement progressive.
Côté Web^ID : C'est aussi l'application Ninkasi que nous avons réalisé ensemble, mais parti aussi d'un POC réalisé côté Ninkasi qui a permis d'éprouver le concept de l'expérience mobile. Et qui nous a permis de passer à la vitesse supérieure de manière pertinente en ajoutant des features sur un nouveau socle technique solide et évolutif. Cette culture technique et de la data aussi permet de créer des produits innovants, avec un autre exemple que nous avons de notre côté sur la création d'une plateforme
7. Et au contraire, des contre-exemples ou la technique aurait pu manquer à la bonne réussite du projet ?
Côté Ninkasi : Je dirai le choix du système d'encaissement aujourd'hui présent sur l'ensemble de notre réseau, qui ne permet pas une interopérabilité optimale avec une forte dette technique, et qui nous freine justement dans nos ambitions de digitalisation. C'est un projet que l'on mène aujourd'hui pour changer de système, néanmoins c'est d'une part coûteux, mais également un changement d'habitude pour nos collaborateurs terrains, qui ont développés des habitudes et des réflexes même pour contourner les limitation du système.
Côté Web^ID : Nous avons eu l'expérience de projets potentiellement à reprendre qui ont en effet une forte dette technique. Ou généralement suite à nos audits, le constats restent le même : il est impossible de reprendre le projet en l'état et la seule alternative est de préconiser une refonte : soit de tout mettre à la poubelle et tout refaire, car une reprise ne comblerait pas la dette et serait même un frein pour son développement. Nous avons eu aussi l'expérience d'un projet mort né, d'une plateforme qui a tenu 1 an, mais qui a fermée peu de temps après. Là c'est plus des problématiques d'agilités sur les projets que l'on construit, et la capacité de nos clients à pivoter. C'est toujours bien plus satisfaisant de voir des projets de nos clients continuer et se développer sur plusieurs années !
8. Comment maintenir une culture technique solide et conserver sa capacité à innover ?
Côté Ninkasi : De notre côté, on a une démarche de veille très orienté projet et usage, qui doivent répondre à nos besoins. On est pas forcément organisé comme chez Web^ID avec un temps de veille, mais on s'auto-organise pour rester à l'écoute de ce qu'il ce fait, et bien sûr on va être très attentif au marché et ce que font nos concurrents. Encore plus attentif aux usages à l'étranger, comme dans certains pays d'Asie par exemple qui payent énormément avec leur smartphone voire même avec la reconnaissance faciale contrairement aux Européens (même si on en est pas encore là ;) ), cela répond aussi aussi l'ambition de nous développer à l'international en plus d'anticiper les évolutions du marché. Par ailleurs, intégrer des jeunes personnes à nos équipes qui apportent un regard assez neuf de leur métier permet d'insuffler des idées fraîches et bousculer nos habitudes.
Côté Web^ID : De notre côté, en effet on pousse nos équipes à rester en veille, avec un temps d'une demi-journée alloué par semaine, et exploitable de manière "libre" selon la disponibilité. Ce qui compte derrière est surtout le partage de la connaissance : la documenter, l'écrire, qui peut aussi générer des idées et les partager en interne comme à l'externe si on considère que cela peut aussi contribuer à notre ecosuystème. Bien sûr, la veille dirigée par les projets fait partie intégrante de notre métier, on peut prendre pour exemple la mise en place de Mercure dans le cadre du développement de l'App et du module Blind Test Ninkasi.
9. Toutes les ressources / compétences sont-elles forcément intégrées ? Où doivent-elles forcément l'être ?
Cöté Ninkasi : Pour nous, c'est évident qu'il faut se renforcer avec des acteurs extérieurs experts sur leurs sujets. Même si nous avons des ressources internes techniques qui nous permettent de tester et lancer des premières idées, nous savons que ces compétences seront à un moment limitées. Chez le Ninkasi, nous avons tout de même un modèle complexe, et c'est une chance d'avoir des équipes internes en capacité de proposer et initier des solutions. L'intérêt par ailleurs de travailler avec des agences, c'est de pouvoir bénéficier de leur expertise sur des problématiques qu'on ne maîtrise peu ou pas, et d'aller plus vite sur la mise en place de solutions et qui nous prendrait trop de temps pour le faire en interne : on peut reprendre l'exemple de la mise en place de Mercure pour la gestion du Live. Après l'idée n'est pas de multiplier les prestataires, mais plutôt d'avoir des agences de confiance sur des sujets spécifiques, comme nous faisons appel à Web^ID pour le développement d'applications fonctionnelles.
Côté Web^ID : De notre côté, nous avons différents cas dans notre accompagnement client : soit nous collaborons avec des porteurs de projet qui ne sont pas du tout techniciens et nous sommes ainsi leur équipe dédiée au projet. Nous pouvons aussi arriver en renfort sur des équipes techniques déjà existantes, ou même en mode hybride avec une charge technique partagée. D'ailleurs, nous pouvons intervenir tant en Production comme en conseil organisationnel et technique auprès d'équipes client. L'enjeu étant de trouver le bon équilibre pour le client entre la nécessiter de recruter / former / maintenir le flow de production, et s'entourer d'équipe qui peuvent aussi intervenir ponctuellement sur un projet afin de l'accélérer.
On voit souvent d'ailleurs des projets que l'on débute afin de les construire et les accélérer, et les équipes ensuite côté client qui les reprennent tout ou partie une fois que celles-ci sont assez matures et intégrées.
10. Comment la sécurité des données et la protection de la vie privée sont-elles prises en compte lors de l'intégration de technologies avancées dans les secteurs traditionnels ?
Côté Ninkasi : C'est en effet un sujet majeur, c'est tant une question de sécurité que de la manière de l'exploiter. Nous travaillons constamment sur la sécurisation de nos données pourraient metttre à mal l'exploitation de l'entreprise. Mais également la sécurisation de nos données de nos clients, qui rentre aussi dans une vraie démarche RSE et d'éthique sur l'exploitation des données. Typiquement, toute démarche algorithmique à la Facebook / Google pour nous faire converser avec seulement des gens qui nous ressemblent, n'est pas du tout dans la phylosophie du Ninkasi. Nous essayons justement d'amener nos clients vers l'ouverture et le brassage des cultures. L'idée étant aussi de l'exploiter intelligemment dans l'unique but d'améliorer l'expérience Ninkasi, typiquement avec le Blindtest par exemple pour faire se rencontrer les grands vainqueurs et leur permettre demain de se challenger, etc.
Côté Web^ID : C'est bien sûr un véritable sujet avec l'ensemble de nos clients, qui l'intègre dès le départ (ce qui n'était pas forcément le cas il y a quelques années avant le bouleversement du RGPD). Nous avons donc une démarche proactive avec nos clients pour les conseiller au mieux, et une qualité technique pour protéger au maximum les données exploitées. Mais également sur les aspects sécuritaires en interne où nous avons typiquement mis en place une charte d'hygiène informatique avec des outils et bonnes pratiques. Nous sommes audité d'ailleurs régulièrement sur le sujet.
11. Quelles sont les tendances émergentes, comment pourraient-elles façonner l'avenir de ces différents secteurs ?
Côté Ninkasi : Nous avons un vrai enjeu autour de l'impact environnemental de nos produits et la transparence sur nos produits, par exemple demain un QR code qui permettrait de remonter jusqu'au champs avec lequel les céréales ont été produites. Mais également un sujet autour des logiques participatives autour du produit, comme le Crash Taste que nous avons déployé aujourd'hui, qui permet à chacun de s'exprimer sur de nouveaux produits, ce qui nous a permis récemment d'ailleurs de sortir notre première Bière canette. Après c'est aussi permettre de digitaliser davantage les process métiers, améliorer aussi la digitalisation du parcours client, mais aussi la mise en place de programme fidélité ou plutôt "relationnel", etc.
Côté Web^ID : Nous avons un vrai sujet que nous intégrons de plus en plus dans nos projets et qui fait écho à l'aspect RSE, qui est : l'Ecoconception. Nous intégrons de plus en plus la démarche et les bonnes pratiques pour réduire l'impact des produits digitaux que l'on conçoit, mais aussi sensibiliser et accompagner nos clients sur le sujet pour l'intégrer dès la conception du produit. Il y a aussi dans notre domaine la révolution de l'IA (comme ChatGPT), qui est en train de révolutionner en partie nos métiers et notre manière de l'exploiter. Même s'il faut prendre le recul nécessaire sur ce qu'il peut nous produire.